Pour continuer dans la même idée, il était une fois une petite adolescente transparente, qui faisait tout pour être le moins visible aux yeux des profs, des pions, des surveillants, des élèves, qui ne faisait jamais de vague,... Sans comprendre pourquoi, du jour au lendemain, cette petite adolescente est devenue la tête de turc des autres: pas de fringues de marque, pas de sorties sur Comines comme les autres, plongée dans sa passion musicale, sa différence semblait être le point de mire des moqueries des autres. En plus, elle n'était pas très bonne élève et ses profs ne se gênaient pas pour le lui dire. Chaque jour était un supplice pour elle, ce bahut, elle le supportait de moins en moins. Elle était souvent la cible de blagues de très mauvais goûts. Les garçons de sa classe ne se gênaient pas pour lui dire qu'elle avait une face de truie, certaines des filles s'amusaient à verser de l'encre sur ses fringues "pas à la mode",...Et j'en passe... Des larmes ont coulé bien souvent, quasiment tous les jours. Cette petite adolescente commençait peu à peu à se sentir aussi laide que ce que les autres disaient. Toutes ces méchancetés gratuites (menées par une seule personne en fait) ont détruit peut à peu la confiance qu'elle avait en elle.
Quand le dernier jour dans ce bahut est arrivé, cette petite adolescente a pris son diplôme sous le bras et, contrairement aux autres qui pleuraient de devoir se quitter, elle a tourné le dos à tout ça et est partie vivre sa propre vie, loin de cet enfer, bien décidée à ne garder aucun contact avec personne et à ne jamais remettre les pieds là-bas.

Cette petite adolescente, c'était moi. J'ai vécu 6 horribles années à Saint-Henri, 6 années qui m'ont tellement marquée, que même maintenant, avec du recul, je vois parfois encore le regard des autres posé sur moi et je me sens alors laide et sans valeur. Je n'ai gardé contact avec personne et j'avoue, je ne m'en porte pas plus mal, loin de là. Et puis, quand je plonge dans ce profond manque de confiance, je regarde le chemin que j'ai parcouru depuis mon départ de Comines et je me dis que je peux tout de même être fière de ma réussite...Même si côté coeur, il y a toujours ce manque de confiance qui m'handicape bien souvent...

Je sais que nous avons tous fait des bêtises plus jeunes, qu'on s'est tous un jour montrés cruels et très bêtes. Moi aussi ça m'est arrivé. Mais le fait d'avoir supporté tout cela pendant autant de temps a vraiment été pénible pour moi. Cela m'a fait tellement mal que, même si ces personnes revenaient vers moi, j'aurais beaucoup de mal à leur pardonner toutes ces souffrances. Je ne suis pas du genre rancunière, loin de là, mais il y a des moments où il faut savoir dire non, stop, ils ont franchi des limites infranchissables, ils sont allés trop loin... A présent, je suis heureuse de la vie que je mène et je n'ai aucune de renouer avec le passé tout simplement.